Benoit Chauvet, 25 ans, est agriculteur à Noves, dans les Bouches-du-Rhône. Cultivateur de pommes et de poires, Benoit est un jeune homme passionné par son métier qu’il pratique avec son père. Ensemble, ils font vivre l’exploitation et réfléchissent à son avenir, en adoptant notamment les méthodes de l’agriculture raisonnée. Pour nous, il revient sur ce choix de carrière plus qu’enthousiaste.
Pourquoi avoir fait le choix d’une carrière dans l’agriculture ?
Mes grands-parents étaient agriculteurs et mon père a repris leur exploitation arboricole. Depuis que je suis petit, je suis donc plongé dans cet univers. J’aime beaucoup être en famille, profiter de la nature et puis ce métier me plaît aussi parce qu’on touche à tout. Entre l’arrosage, la taille, la mécanique, la plantation et le reste, il y a toujours quelque chose de nouveau à faire ou à apprendre et des gens à rencontrer pour nous aider à améliorer notre travail.
Depuis un an, avec mon père, nous nous interrogeons par exemple sur l’intérêt de planter une nouvelle variété de prune. Cela pose plein de questions : sur le climat, le mode de culture, les interventions de taille, de palissage, d’éclaircissement, de récolte, etc. Nous sommes partis dans le Sud-Ouest pour en parler avec des spécialistes. C’est très intéressant, on avance tout le temps.
On dit que les agriculteurs n’ont jamais de temps pour eux. Est-ce votre cas ?
Pas du tout. Bien sûr, il y a certaines périodes qui imposent de se lever de bonne heure (la floraison, l’alerte gel, etc.) donc je ne m’éternise pas à toutes les soirées, mais j’ai évidemment des amis et je sors ! Je fais aussi beaucoup de vélo, à haut niveau. Je suis spécialisé en slopestyle, des figures acrobatiques en VTT : j’ai fait partie du Top 5 et Top 10 en France, du Top 80 au niveau mondial. Aujourd’hui, je m’entraîne plutôt en endurance et descente, à raison d’une petite dizaine d’heures par semaine. Je suis ambassadeur pour des marques, je me déplace à des événements, des séances photos, etc. Le vélo me permet de faire une vraie coupure avec mon métier. Après, c’est évidemment plus simple de se libérer quand on est arboriculteur qu’éleveur.
Les questions environnementales sont de plus en plus importantes pour les jeunes générations. Comment les intégrez-vous dans votre travail ?
Mon père a toujours été précurseur sur ces questions. Il utilise des engrais verts depuis longtemps, il laisse reposer les terres pendant un an et nous semons du sorgho qui donne un apport d’engrais organique aux sols. Depuis que j’ai rejoint l’exploitation, nous développons aussi de nouvelles méthodes issues de l’agriculture raisonnée. Nous sommes encore plus pointilleux sur le maintien de la faune et de la flore dans les vergers. Nous favorisons la préservation des insectes auxiliaires en limitant les coupes d’herbe dans le rang au milieu des pommiers.
Tout ça ne peut pas se faire du jour au lendemain parce qu’il faut parfois investir dans du matériel et que cela représente des coûts, mais nous évoluons dans le bon sens. De toute façon, un agriculteur vraiment passionné par son métier a envie de faire progresser son exploitation et sera toujours ouvert aux améliorations.
Que diriez-vous à un(e) jeune qui a envie de devenir agriculteur(rice) mais qui hésite encore ?
Le matin, je me lève, je passe voir mes grands-parents pour les embrasser, je prends mon chien et je m’en vais sur mes terres. Je vis au gré des saisons et tous les jours, je suis au cœur de ce qui fait notre monde : le climat, la nature, les animaux. C’est une vie exigeante, qui demande de bien réfléchir à toutes les décisions qu’on prend parce qu’une mauvaise année à des conséquences importantes, mais il suffit de bien s’organiser. Travailler de la Pink Lady nous protège par exemple car il faut respecter un cahier des charges très strict et la production est limitée. Résultat : la qualité et le prix de la pomme sont préservés. Agriculteurs et consommateurs y gagnent. Enfin, certains outils informatiques, comme les stations météo numérisées, nous aident à mieux réagir ou protéger nos arbres quand c’est nécessaire. De toutes les façons, moi je sais que je m’ennuierais si mon travail était trop simple !